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dimanche 15 octobre 2023

Candidature JO d’hiver 2030 « L’esprit de Lillehammer » enfin identifié : « la marche forcée » !

Candidature JO d’hiver 2030

« L’esprit de Lillehammer » enfin identifié : « la marche forcée » !

 

 

On se demandait depuis les débuts de cette candidature portée par la région Sud en 2022 ce que pouvait signifier « L’esprit de Lillehammer », on sait désormais qu’il s’agit de « marche forcée » 

 

Non seulement c’est à marche forcée, mais celle-ci est déterminée par le CIO puisqu’il décide de fixer le calendrier des candidatures :

 

« J'ai donc été au CIO (Comité international olympique, NDLR) présenter cette candidature pour 2034 ou 2038. Le CIO nous dit alors :"Ce ne sera pas 2034 ou 2038, mais peut-être 2030". »[1]

 

C’est beau, l’indépendance et la prise en compte des intérêts des territoires[2]. 

Et tout le monde se plie aux oukases du CIO: les régions, le CNOSF et même l'État français.

 

« À ce moment-là, Guy Drut (ancien champion olympique et membre du CIO, NDLR) nous dit: "Il faut marier les deux régions". Cela s'est fait sous l'autorité du président de la République, à l'Elysée. Tout a changé, car à partir de là, tout le monde doit partager. Mais sans cette union, c'est impossible de gagner en 2030.»

 

Le projet initial, prévu avec les italiens était donc fantasque et inacceptable pour le CIO ?

 

« En termes de calendrier : le dossier définitif sera déposé le 7 novembre. Puis grand oral avec le CIO le 21 novembre. Et enfin le 9 décembre, la décision du CIO tombera : "stop ou encore". C'est-à-dire ou on n'est pas éligible, ou on rentre dans un dialogue ciblé qui nous permettra de continuer à travailler le dossier avec le CIO, les financements, etc. »

 

Avec de telles contraintes, en se pliant parfaitement aux ordres du CIO comment ne pas être dans la short-list ?

 

 

L’enjeu pour les territoires

 

« Il y a un réel enjeu pour la région, en termes d'aménagement du territoire. Nice, Toulon, Marseille et les Bouches-du-Rhône : la puissance de développement des métropoles est énorme, et il se pose la question d'équilibre du territoire. On investit tout là, et rien dans les montagnes. Quel projet pour les Alpes du Sud ? On parle de 15 % de la population et 65 % de la région. Je ne peux pas les abandonner au prétexte que seul le littoral se développe. Les Jeux olympiques, c'est un projet de territoire, qui tirera les Alpes vers le haut. Et si on n'a pas 2030, on n'aura ni 2034 ni 2038. 2042 ? C'est loin pour faire évoluer le train Marseille-Briançon... Si on ne saisit pas cette chance, rien ne bougera, Briançon restera isolé, etc. Ces territoires resteront enclavés. »

 

L’enjeu réel c’est le train… qui est une des compétences … de la Région. 

Vite des moyens venus de l’État et de l’Europe pour faire ce que l’on n’a pas considéré comme prioritaire et pas réalisé avant[3].

 

La mobilité ferroviaire ou les lignes de train en souffrance deviennent-elles enfin une priorité ?

 

« Concrètement, j'ai demandé que l'on ait une loi d'exception pour l'aménagement du territoire comme il a été fait pour les Jeux de Paris 2024. Ce qui permettra de faire avancer la ligne ferroviaire Marseille- Nice qui est programmée pour 2038 et l'achever en 2030. Les enjeux sont assez simples : on ne peut pas accepter de mettre autant de temps pour aller de Marseille à Nice, que les Hautes-Alpes ne soient pas connectées avec leurs voisins, que l'on mette près de cinq heures pour faire Marseille-Briancon et que la liaison Gap-Grenoble n'existe pas. De toute façon, ces dossiers n'avancent pas aujourd'hui : tout est bloqué, pour différentes raisons, pour le routier comme le ferroviaire. À partir de là, un projet comme les Jeux, c'est le seul moyen de débloquer ces situations. »

 

Et si l’enjeu réel était surtout la ligne Marseille-Nice ? Une candidature leurre pour d'autres raisons finalement ?[4]

 

 

Les grands évènements sportifs restent des prétextes à l’aménagement du territoires[5](comme au siècle dernier), comme s’il fallait des priorités ponctuelles pour construire la justification de priorités politiques en matière de mobilité que l’on n’ose pas assumer sans cela… 


Où est donc le rôle du politique ?

 

Et comment envisager de réussir dans les temps des projets qui sont irréalisables techniquement, même avec une loi d’exception ?

Il faudrait alors être beaucoup plus performant que pour Paris 2024 lorsqu’on regarde les retards et ratés du Grand Paris Express…[6]

 

« La totalité des élus des Hautes-Alpes me soutient car ils ont bien compris l'intérêt. Il n'y a que quelques grands massifs dans le monde qui peuvent accueillir les Jeux. Et si on rate ce passage-là, ce n'est pas sûr qu'ils reviennent un jour. Maintenant il va falloir avancer à marche forcée. »

 

Il ne faudrait pas que l’on découvre que certains élus ont subi des pressions avec des chantages aux subventions pour soutenir ce grand projet olympique nécessaire et soudainement prioritaire… 

 

 

"De la neige et des chalets"

 

«On veut revenir aux Jeux tels qu'on les a imaginés et tels qu'on les avait présentés à Lillehammer, avec de la neige et des chalets. On en a chez nous de la neige, des chalets", souligne Renaud Muselier, qui ambitionne une belle fête dans les Alpes. »[7]

« Renaud Muselier souligne que des études sur le niveau d'enneigement jusqu'en 2050 ont déjà été effectuées récemment. »[8]

 

En première mondiale s’il vous plait !! Merci Climsnow.

 

 

Isola 2000

https://www.mairieisola.com/isola-station/isola-station-presentation/

 

Orcières Merlettes

https://www.orcieres-mairie.fr

 

Le Sauze

https://www.tourism-alps-provence.com/le-sauze-ski-resort/

 

 

Les Orres

https://www.lesorres.com

 

Pra Loup

https://www.praloup.com/navettes-gratuites-hiver.html

 

Le Queyras

https://lequeyras.com

 

Risoul

http://www.mairiederisoul.com


Vars

https://www.vars.com/hiver/vars-et-ses-villages/les-claux/

 

Serre Chevalier

https://www.serre-chevalier.com

 

Super Dévoluy

https://www.ledevoluy.com/hiver/decouvrir-le-devoluy/les-stations/

 

Montgenèvre

https://montgenevre.com/ 


Il y a encore des chalets et des endroits magiques en montagne, mais pas uniquement.

 

Accepter son histoire et la richesse de son territoire ce n’est pas basculer dans le métavers pour tenter de construire des légendes, sous la pression du CIO et des "valeurs olympiques" censées irriguer les territoires, avec des moyens budgétaires nécessairement colossaux sortis d'on ne sait d'où.

 

En comptant sur des miracles pour réussir en 2030, ce que l’on n’a pas fait avant, surtout en étant à « marche forcée ».

 

Sans même se questionner sur les fondements évoqués actuellement de l'intérêt de maintenir les modèles de grandes compétitions sportives internationales, « la marche forcée » est-elle acceptable dans le cas présent ? Et à quels coûts ?

 

Surtout lorsqu'on constate que l'on nous a forcé la main.

 

Le coup politique pourrait être beaucoup moins rentable que prévu, au regard des coûts symboliques et des coûts budgétaires que prend cette candidature.

Sans compter les déceptions qui émergeront lorsque les sites devant accueillir les épreuves seront connus de tous.

 

Nous verrons alors si « l'Esprit de Lillehammer », avec sa « marche forcée » est nouvelle valeur olympique… s’il y a un référendum[9].

 



Publiée le 15 octobre 2023 à 16h25






Autres publications sur le sujet (16 octobre 2023)

En route pour Lausanne ?

publié le 10 septembre 2023









[5]  Jean-Michel Dewailly, Claude Sobry  (1993) "Les grands événements sportifs : prétexte à l’aménagement du territoire", Revue Hommes et Terre du Nord ; Lille 1993/2.

 

[6] Nouveaux retards pour le métro du Grand Paris, qui rate le rendez-vous des Jeux olympiques 2024 Le Monde publié le 13 Juillet 2021

 https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/07/13/nouveaux-retards-pour-le-metro-du-grand-paris-qui-rate-le-rendez-vous-des-jeux-olympiques-2024_6088176_3234.html

 

[7] CANDIDATURE AUX JO D'HIVER 2030: RENAUD MUSELIER ATTEND UNE DÉCISION D'ICI "LA FIN DE L'ANNÉE" BFM Alpes 29 août 2023

https://www.bfmtv.com/bfm-dici/candidature-aux-jo-d-hiver-2030-renaud-muselier-attend-une-decision-d-ici-la-fin-de-l-annee_AV-202308290867.html

 

 

[8] NEIGE NATURELLE : GRÂCE À LA RÉGION SUD, L’ÉTUDE CLIMSNOW PERMET AUX STATIONS DE SKI DE SE PROJETER

 https://www.maregionsud.fr/actualites/detail/neige-naturelle-grace-a-la-region-sud-letude-climsnow-permet-aux-stations-de-ski-de-se-projeter

 

[[9] « Nous réclamons un référendum sur la candidature des Alpes françaises aux Jeux olympiques d’hiver 2030 »

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/12/nous-reclamons-un-referendum-sur-la-candidature-des-alpes-francaises-aux-jeux-olympiques-d-hiver-2030_6193933_3232.html

dimanche 10 septembre 2023

En route pour Lausanne ?

Qu’est-ce que le mouvement sportif a à gagner à une candidature à l’organisation des JOP d’hiver 2030 ?


C’est à cette question que devront répondre les membres du CNOSF le 13 septembre prochain lors de l’assemblée générale. A noter que dans l’ordre du jour le sujet de la candidature arrive après la validation de l’élection du 29 juin.



Le futur nouveau président du CNOSF était annoncé comme une fine lame politique. Il faut bien l’admettre, en tant qu’ancien escrimeur, je ne peux que saluer son habileté. Engager le CNOSF dans une aventure aussi lourde de conséquence sans être élu officiellement, ça mérite un podium olympique de l’habileté politique.


Mais sur le fond qu’est-ce que le mouvement sportif a à y gagner.



 

Pourquoi cette précipitation ?


Pour Annecy 2018, avant l’échec que l’on connait, le comité de candidature avait travaillé deux ans à l’élaboration de son projet, avec des équipes conséquentes.


Les leçons ont-elles été parfaitement tirées pour que l’on puisse déposer un dossier crédible en 3 mois et demi ? Une performance qui serait alors réellement olympique.


Le cahier technique, au-delà de la manifestation d’intention de vouloir accueillir les JOP, doit mettre en évidence les raisons et les qualités des territoires permettant de remplir les obligations sportives, organisationnelles et désormais environnementales imposées par le CIO.


Dans les délais très courts que se sont imposés les deux régions françaises, y a-t-il la possibilité d’obtenir les JOP de 2030 ou d’essuyer un échec, ce qui n’est jamais agréable ?


Le mouvement sportif français, à la veille de l’organisation d’un des plus grands évènements sportifs mondiaux jamais organisé dans notre pays depuis longtemps, peut-il ou veut-il se permettre un échec même symbolique en gâchant la fête pour un dossier présenté forcement à la hâte vu les délais ?


On l’a compris, le futur nouveau président du CNOSF est en service commandé pour le CIO, pour challenger les candidatures en cours et surtout celle qui prend de plus en plus de relief, celle de la Suisse.


Une candidature risquée… pour 2030.


Indépendamment de la répartition continentale des évènements du CIO visant à alterner entre les différentes parties du monde, 2026 c’est déjà l’Europe avec Milan et Cortina d’Ampezzo, y a-t-il urgence à concurrencer Stockholm et désormais la Suisse, puisque Salt Lake City et Sapporo semblent vouloir faire l’impasse sur 2030.


Si le miracle olympique avait lieu, les conditions de réalisation de ces JOP d’hiver en 2030, surfant sur la réussite espérée des JOP de Paris 2024, auraient-elles assez de latitudes pour véritablement se préparer sereinement et efficacement ?


En obtenant les Jeux d’hiver 2030 en 2024, nous serions alors à 6 ans de l’échéance.


Le risque est à la fois politique et économique. Politique, un certain nombre d’élus ont déjà montré leur opposition au projet. Economique…  alors que nous n’avons à ce jour que des informations partielles sur le bilan attendu de Paris 2024….  (Cependant les éléments publiés par la Cour des Comptes ne sont pas des plus optimistes).


Comme les deux présidents de régions répètent à l’envie que le ski est assuré dans leurs territoires respectifs au moins jusqu’en 2050, n’y aurait-il pas un choix à faire pour être les derniers JOP d’hiver en sites naturels 2038, 2042, 2046 ? Et en plus se donner le temps de préparer d’une réelle transition pour les territoires concernés et embarquer toute la filière du ski.


Les pour et les contre

 

+

-

Pour le futur président se donner immédiatement une stature internationale (qu’il a déjà) en portant cette candidature et jouer sur les 2 tableaux : venir en sauveur du CNOSF à moins d’un an des JOP Paris 2024 et rendre service au CIO

 

 Pour le mouvement sportif, prolonger l’élan des JOP Paris 2024 (sous réserve qu’il existe)  et éviter la gueule de bois post olympique 

 

 

Prendre le risque d’un échec 

 

Mobiliser le CNOSF uniquement sur les jeux au détriment des clubs des licenciés alors que le mouvement sportif français sur le terrain a besoin d’une réforme en profondeur 

 

S’attirer les foudres des opposants politiques à la candidature aux JOP d’hiver dans un contexte de réchauffement climatique 

 


Au-delà des affinités politiques qui lient les deux présidents de régions et le président du Conseil Départemental du Morbihan, comment comprendre l’emballement autour d’une candidature pour laquelle le chef de projet AURA, vient juste d’être nommé alors que le dossier doit être déposé avant décembre si ce n’est pour de simples calculs politiques ?  


Il ne manquerait plus, à l’issue des élections au CIO en 2025, qu’après des mois de grabuges, de tensions et d’image écornée, le CNOSF ne perde une fois de plus son nouveau président à peine installé, pour aller prendre la tête du CIO.


Finalement qui a le plus intérêt à cette candidature le futur président lui-même qui ne pourra pas faire un mandat supplémentaire à la tête du l’UCI et qui en s’installant au CNOSF pourrait toujours rêver d’un billet pour Lausanne ou le mouvement sportif français qui pourrait trouver un nouveau projet à soutenir pour retrouver sa cohésion ?


Alors en route pour Lausanne, pour le mouvement sportif français ou seulement pour son futur président ?



Publié le 10 septembre 2023 à 20h30




Ajout le 12 septembre 2023 à 10h



"D’ici fin octobre, la candidature française va devoir rendre une première copie la plus avancée possible avec notamment les sites pressentis pour les différentes compétitions, afin que le CIO se prononce d’ici fin novembre sur la poursuite ou non des discussions".

Le Dauphine Libéré par Stéphane Pulze publié le 08 septembre 2023 



Pour mii-octobre… passer  "d'un « dialogue permanent » à un « dialogue ciblé »" est-ce sérieux et crédible ?




liens:


Candidature JO d’hiver 2030 : Leurre olympique ?

publié le 20 Aout 2023

dimanche 20 août 2023

Candidature JO d’hiver 2030 : Leurre olympique ?

 Candidature JO d’hiver 2030 : Leurre olympique ?

 

Qu’est-ce qui pousse les deux présidents de Région à annoncer leur intention de candidater alors que le choix pour les jeux de 2030 doit être annoncé dès l’année prochaine lors des JO de Paris 2024 ? 

 

Cela devra imposer une session extraordinaire du CIO puisque la France en étant candidate va chambouler le calendrier du CIO[1] qui s’impose un lieu neutre pour ce type d’annonce.

 

Mais alors que la candidature initiale de la Région Sud portait sur l’organisation des JO de 2034 ou de 2038, pourquoi vouloir perdre 4 ans en se précipitant pour une candidature qui ne pourra pas se préparer sereinement en 6 ans alors qu’elle aurait pu se projeter et se préparer sérieusement pendant 10 ou 14 ans ? Pourquoi une telle précipitation, quels enjeux sont cachés derrière cette annonce aussi soudaine que curieuse ?

 

Techniquement, il reste moins de 4 mois pour déposer un dossier crédible.  

A ce jour il n’existe pas de comité de candidature connu qui a travaillé sur un dossier commun entre les deux Régions SUD et AURA. La Région AURA ayant même arrêté de communiquer sur sa précédente « potentielle » candidature également prévue pour 2034 ou 2038 depuis plus d’un an.

 

Comment envisager sérieusement qu’il soit possible de décider en 4 mois : de la répartition des épreuves sur les différents sites (à part pour le bobsleigh qui sera forcément sur la piste de La Plagne et non en Italie comme dans le projet initial de la Région Sud qui se faisait avec des stations italiennes), des conditions d’accueil et de la répartition des délégations, de mettre en évidence les atouts des deux Régions, de prévoir les modifications des accès dans « l’esprit de Lillehammer » (esprit de 1994 es-tu là ? mais lequel ?) vu l’état des réseaux routiers et surtout ferroviaires, d’avoir l’assurance de leurs financements et d’avoir le temps de réaliser tous les travaux nécessaires … 

et d’assumer de gérer les frustrations des territoires non retenus pour accueillir des épreuves dans un dossier bâclé surtout s’il s’agit simplement d’un tour de chauffe pour préparer une candidature postérieure plus sérieuse ? 

 

Il est particulièrement curieux que cette frénésie intervienne juste après l’arrivée du nouveau Président du CNOSF David Lappartient[2] au profil très … international… mais dont l’officialisation à la tête du CNOSF n’aura lieu qu’après l’Assemblée Générale du 13 septembre 2023 et avant que les décisions d’attributions des prochains JO soient annoncées précédant l’élection d’un nouveau Président au CIO, en 2025. 

Si le nouveau Président était français, y aurait-il des difficultés pour les candidatures hexagonales ? 

Vu la baisse du nombre de candidats pour l’organisation des Jeux, c’est peu probable d’autant que l’alternance continentale qui existe encore lors de l’attribution des JO tente de rester en vigueur. Force est de constater néanmoins que les postulants à l’organisation sont de moins en moins nombreux.

Mais il y a aussi des signaux politiques à lancer. Même si le billard à 3 bandes reste une spécialité française sans être une discipline olympique.

 

Alors même que Salt Lake City envisage de postuler plutôt pour 2034 et que la candidature de Sapporo est engluée dans les suites des scandales de corruption des JO de Tokyo, faut-il que la France postule absolument pour faire croire à une concurrence avec Stockholm qui a un dossier déjà très construit[3] et depuis longtemps ? La nouvelle candidature surprise suisse apparait aussi comme décalée et stupéfiante au regard des débats qui ont lieu dans les cantons de la Confédération après les anciens échecs. 

Y aurait-il une demande de multiplication de candidatures de la part du CIO ? Il est étonnant en la circonstance que ce soit particulièrement la France et la Suisse qui sortent du bois à 4 mois de l’échéance ?

 

Cependant l’adhésion populaire, qui semble s’être reconstruite en Suède, n’est pas sans laisser présumer d’un risque si un référendum venait à être proposé aux suédois. Dans une telle perspective, une victoire française pourrait subvenir par défaut si le référendum était négatif. 

 

La France serait alors dans une situation très délicate avec un projet imprécis aussi bien pour son organisation que pour les coûts de réalisation nécessairement plus élevés lorsque l’on avance à marche forcée pour être dans les temps. On en mesure un peu les conséquences actuellement à Paris à un an des JO. Mais également parce que la décision d’attribuer les Jeux serait actée alors que les coûts définitifs des JO de Paris 2024 ne seraient pas encore connus.  

 

Ce qui poserait inévitablement la question d’un retrait possible de la candidature française pour les jeux d’hiver si des surcoûts importants apparaissaient et faisaient naitre des oppositions éloignant l’adhésion populaire à laquelle les membres du CIO sont de plus en plus attachés pour assurer la bonne tenue des Jeux.

 

De même, alors qu’une telle candidature est présentée comme une aubaine en termes de communication, comment envisager de sacrifier une partie de la saison hivernale 2030 et même des précédentes pour des territoires devenus très sensibles économiquement dans un contexte de pénurie de neige et de tourisme hivernal qui stagne en nombre de clients ? Alors même que les Championnats du Monde de ski de Courchevel et Méribel 2023 viennent de montrer certaines limites économiques de ce type d’évènement ?

 

Si les deux présidents de régions sont des partisans très engagés dans le renforcement de la neige culture, tout en communiquant régulièrement sur le fait que pour les 50 ans à venir, le ski restera le moteur de leurs territoires respectifs et qu’il n’y a pas de risque à court terme ; 

pourront-ils se permettre le risque, en plus du doute sur la présence de la neige au moment des épreuves que personne ne maîtrise, de donner la même image que les Jeux d’hiver de Pékin 2022 ? 

Mais surtout peuvent-ils avoir l’assurance que les accès aux territoires concernés seront réalisés à temps et à quels coûts ? Et avec quelles conséquences sur la fiscalité locale ? L’exemple savoyard semble avoir été complètement oublié… mais c’était avant Lillehammer[4].


Et sont-ils prêts à assumer 6 ans de travaux hypothéquant les saisons à venir entre 2025 et 2030 pour un résultat très aléatoire économiquement et politiquement ? 

 

L’espoir de financements étatique et européen[5] ne simplifiera en rien les phases de travaux nécessaires et reste dans une logique du siècle dernier où les Grands Évènements Sportifs Internationaux étaient des prétextes à l’aménagement du territoire[6] alors que les études scientifiques démontrent depuis plus de 40 ans qu’ils sont économiquement beaucoup moins rentables que ne veulent le faire croire les organisateurs[7].

 

En l’état, nul ne peut se faire véritablement une opinion puisque le dossier de candidature est encore en phase d’élaboration !  On peut même s'étonner des nombreux messages favorables au projet alors que le contenu du dossier reste un mystère… Même s’il s’agit d’un ballon sonde pour 2034 ou 2038, était-il nécessaire de se précipiter ? Sans évoquer même la question du sens de ce type d’évènement d’ici quelques années.

Sera-t-il encore acceptable en 2030 d’organiser des évènements sportifs qui mobilisent autant de moyens et de personnes au regard des enjeux environnementaux et des contraintes économiques ?

 

Quoi qu’il en soit, on ne dépose pas une candidature comme on va aux champignons au hasard, sans connaitre les lieux les plus productifs en espérant trouver de quoi faire un bon repas. 

Sauf si l’objet n’est pas de faire une cueillette mais de se promener en montagne, dans les salons VIP pour faire un peu de communication, en attendant « l’Or blanc » qui devient de plus en plus rare ou pour répondre à une demande du CIO pour faire preuve de complaisance.

 

L’heure olympique d’hiver n’est peut-être pas pour tout de suite, nous nous contenterons du leurre.



Publiée le 20 août 2023

[6] Jean-Michel DewaillyClaude Sobry  (1993) "Les grands événements sportifs : prétexte à l’aménagement du territoire", Revue Hommes et Terre du Nord ; Lille 1993/2.

[7] Martin Müller, David Gogishvil, Sven Daniel Wolfe  (2022) The structural deficit of the  Olympics and the World Cup: Comparing costs against revenues over time.  Department of Geography and Sustainability, University of Lausanne, Switzerland. Juillet