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mercredi 14 août 2019

L’été : le temps des fossoyeurs.

  
A l’attention des quelques lecteurs, contrairement aux autres documents de ce blog, nous serons en présence d’un avis de décès, d’un billet d’humeur ou d’un pamphlet. 
A chacun selon sa perception.

Rédigé le 14 août 2019
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J’adore l’été.

Il fait généralement beau, surtout après l’orage. Le rythme change, même au travail l’ambiance est plus feutrée, le calme règne dans les bureaux. Même dans les zones touristiques de montagnes, le temps paraît suspendu, moins speed ; l’air pur sans doute.

C’est le temps des lectures, des soirées apéros qui se prolongent (mais pas dans les stades), de la rédaction d’articles scientifiques, de la préparation des programmes de rentrée et de siestes.

Et comme entre les deux tours des élections présidentielles c’est le moment idoine pour que les exécuteurs des basses oeuvres effectuent leurs besognes. L'été 2019 ne déroge donc pas à la règle.


Suppression de l’Inspection Générale de la Jeunesse et des Sports



Pour ma part depuis 1982 et le début de mes études en STAPS, je me suis engagé pour faire reconnaître les compétences et connaissances acquises lors de mes différents formations universitaires en lien avec les activités physiques, sportives et récréatives. Même en ayant complété en parallèle ma formation par des diplômes fédéraux et d’animation (BAFA, ski  alpin et escrime) et des diplômes d’Etat (MNS puis BEESAN et BE Escrime), je me suis souvent opposé avec convictions au refus de reconnaissance des diplômes universitaires par les technocrates rigoristes du Ministère de la Jeunesse et des Sports. 

Alors qu’un état des lieux de fin d’occupation se profile, et après avoir fréquenté de nombreux personnels de ce ministère, professeurs de sport, personnels administratifs, inspecteurs et inspecteurs généraux avec lesquels j’ai échangé et travaillé, au crépuscule d’un ministère que l’on va fermer pour de basses considérations comptables teintées du mépris de ceux qui savent « ce qui est important », je ne peux m’empêcher de penser que le pire est à venir car rien n’est clair, sauf l’obsessionnel discours sur les économies nécessaires à réaliser. 

Et je pense à tous ceux, engagés, qui vont passer à la trappe. Les fossoyeurs, eux, trouveront toujours des points d’atterrissages confortables.

Après une RGPP qui a décimé les services du MJS comme ceux de la DGCCRF, des impôts, des douanes, des hôpitaux … et d’autres. Et des personnels qui ont été sujets aux risques psycho-sociaux dans des environnements instables et anxiogènes. Nous en sommes à la poursuite de la destruction d’un outil sans avoir prévu vraiment la suite :

- une Agence du Sport sans autre stratégie que de faire des économies et sans projet de fonctionnement identifiable alors que l’on désosse le ministère,

- une gouvernance du sport qui laisse entrevoir beaucoup d’attentes, énormément d’incertitudes et encore beaucoup de zones d’ombres,

- certaines fédérations avides de récupérer la manne et le pouvoir que confère la délivrance des diplômes professionnels. Permettant de distribuer oboles, largesses et gratifications à des inféodés sans avoir de comptes à rendre. Et obsédées par une autonomie vis-à-vis d’un ministère qu’elles considèrent comme une hérésie,

- et d’autres fédérations, plus dépendantes des subsides de l’Etat, qui sont très justement inquiètes pour leur avenir.


« Mais arrêtez donc d'emmerder les Français ! Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays ! On en crève ! Laissez-les vivre un peu et vous verrez que tout ira mieux ! Foutez-leur la paix ! Il faut libérer ce pays ! » disait Georges Pompidou Premier Ministre, 1966. 

Cette formule maintes fois répétée est le credo de certains réformistes. La réforme s’appuie donc sur des raisonnements de 1966 et des contextes différents. 
C’est tout l’intérêt des formules on peu les recycler c’est une des formes du développement durable. Parfois on fait du très vieux avec des formules présentées comme novatrices car « imprégnées de bons sens ». Lorsqu’il ne s’agit pas du « bon sens paysan » quintessence de la philosophie attachée aux racines françaises.

Vivement qu’il n’y ai plus de contrôles dans les centres de vacances (qui disparaissent peu à peu), que les règles de sécurités dans les piscines ne soient plus édictées par une administration spécialisée, que les terrains puissent être aménagés plus facilement, sans normes trop contraignantes. 
Mais attention, sans les « emmerdeurs » de J&S, combien de mises en danger dans des salles de mise en forme, lors d’activités considérées comme « à risques », combien de futures catastrophes comme Furiani ?

Bien sûr je pourrais à titre professionnel me réjouir. Penser que la disparition des Diplômes d’Etat de Jeunesse & Sports va renforcer la visibilité et la légitimité des diplômes universitaires STAPS, augmenter l’employabilité des étudiants STAPS que j’accompagne depuis des années, rien n’est moins sûr. La dérégulation va toujours vers le moins disant et le moins faisant.

Ensemble on aurait été plus fort si, les sus évoqués « technocrates rigoristes » qui dans les faits étaient éloignés du champ sportif, mais bloqués dans leur vision administrative juridique et technocratique, n’avaient pas joué aux maîtres du jeu. Vous avez perdu et tout le mouvement sportif aussi, même si certains ne l’ont pas encore compris. 

Le véritable déluge ou la bérézina devrait arriver après 2024 ; lorsque les Jeux seront faits, rien n’ira plus. Mais au train où vont les choses (sans lien avec la « restructuration » du système ferroviaire en cours) Waterloo pourrait même arriver beaucoup plus tôt.

Tels Jean Réno dans Nikita, les nettoyeurs sont à l’œuvre. Sans état d’âme, mais pourquoi en avoir ? Gribouilles de la comptabilité persuadés de détenir LA Vérité, à travers un tableur Excel, une vision macroscopique très idéologique et un mépris pour la populace qui ne comprend pas leur vision des enjeux.

Aussi à mes amis des réseaux « pelles et résine », aux têtards, aux« caresseurs de cuir », aux « pousseurs de citrouilles »ou à ceux qui se piquent de piquer… à tous les CTS, CAS et personnels de J&S et à tous les autres qui assistent à ce démantèlement, bon courage et très sincère soutien compatissant, la suite arrive, et pour de nombreux secteurs.

Tout doit disparaître, c’est le sens de la modernité. 

«  Il faut que tout change pour que rien ne change. » fait dire Visconti à Tancrède dans le Guépard.





10 juillet 2021



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