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vendredi 19 juin 2020

Un modèle original de gestion partagée d’un stade

Grenoble, territoire d'innovations ou tentative de gestion optimisée ?


Publié le 19 juin 2020

MAJ 16 avril 2021


En février 2020 était annoncé un projet de gestion partagée du Stade des Alpes de Grenoble entre les deux clubs professionnels l’utilisant de manière alternée depuis 2014[1].

Au-delà l’originalité du projet, qui est extrêmement intéressant, via la création une société regroupant les deux clubs, FCG (rugby ProD2) et GF 38 (Ligue 2) et d’un plan pluriannuel d’investissement de 21 millions  … sur 10 ans ; on peut s’interroger sur  la pérennité de ce projet de montage original.  Après l’épreuve de la pandémie et dans l’attente des élections municipales et de la nouvelle répartition des pouvoirs au sein de la Métro, ce projet sera-t-il modifié et/ou poursuivit ?


Stade des Alpes, Grenoble
© PHOTEC / AACMA

La délibération du 7 février précise les éléments constitutifs du protocole[2] :

« Au-delà̀ de la définition du périmètre qui pourra être confié à la future structure interclubs dans le cadre de la convention d’une durée de 10 ans à intervenir, à savoir l’enceinte sportive, ses salons et loges, les espaces commerciaux de pied de stade, le parvis du stade et sa pergola de délimitation ainsi que la halle des partenaires, ce protocole précise notamment la nature des compétitions et évènements qui pourront entre accueillis en son sein. 

En termes d’activités, il est proposé que soient priorisés les compétitions sportives impliquant les deux clubs pour ce qui concerne leurs championnats nationaux respectifs ainsi que d’autres matchs nationaux ou internationaux à l’accueil desquels la Métropole et/ou les deux clubs se seraient portés candidats. Au-delà̀ des événements sportifs, la structure fédérant les deux clubs pourra accueillir d’autres événements grand public, sous réserve d’un accord préalable de la Métropole. De plus, elle pourra louer les espaces réceptifs pour des événements privatifs et gérera les espaces commerciaux situés dans l’enceinte du Stade, et dont l’usage est soumis aux contraintes liées aux activités de ce dernier. 

Sera dans le même temps préservée une capacité́ d’usage de la Métropole afin d’organiser ou d’accueillir des événements divers, à raison de 5 par an pour l’enceinte dans sa globalité́ et de 20 pour les salons. 

Par ailleurs, la structure de gestion interclubs pourra développer des partenariats avec des entreprises permettant à ces dernières d’utiliser le stade comme vitrine pour le développement et la promotion de leur image, de leurs produits et de leurs solutions, en contrepartie d’un apport financier et/ou en nature à la structure interclubs. Toutefois, ces partenariats ne pourront pas s’apparenter à du nommage et dans ce cadre seront clairement délimites dans la future convention. 

S’agissant de la répartition des frais de fonctionnement et des responsabilités en matière d’exploitation, la structure fédérant les deux clubs a vocation à assumer l’ensemble des charges d’exploitation, y compris l’entretien de la pelouse, les fluides ainsi que l’entretien et la maintenance de niveau 1 et 2 de la norme prévue pour ce type d’équipement. La Métropole, pour sa part, assumera les travaux de gros entretien et renouvellement, relevant des niveaux 3, 4 et 5 de la norme évoquée précédemment. 

Un Compte Prévisionnel d’Exploitation (CEP) sur 10 ans, durée de la convention d’occupation domaniale à intervenir, a enté établi et est annexé au protocole. Ce CEP prévoit un accroissement progressif des recettes et un soutien d’amorçage d’activité́ de la part de la Métropole, lequel sera dégressif sur les 6 premières années. Ce soutien est plafonné afin de prévenir toute dérive et ne remet pas en cause l’objectif de réalisation d’économies substantielles poursuivi au travers de l’évolution du mode de gestion de l’équipement. 

Concernant la reprise du personnel d’exploitation du délégataire actuel en lien avec la reprise d’activité́, les clubs s’engagent, dans ce protocole, à faire application des dispositions du code du travail (L.1224-1 à L.1224-3) encadrant le transfert des contrats de travail et à prendre en charge l’ensemble des frais liés à ces transferts. 

En termes d’investissements, la Métropole et les clubs conviennent de la nécessité d’investir dans des restructurations ou de nouveaux ouvrages pour assurer la compétitivité́ de l’équipement et son adaptation à l’évolution des règlementations et usages. La participation de la Métropole à ces investissements viendra s’ajouter à ceux relatifs à ses obligations légales et aux enjeux de pérennité́ du bâti qu’elle porte en tant que propriétaire de l’équipement dans le cadre d’une programmation pluriannuelle d’investissements préexistante de 6 millions d’euros TTC sur 10 ans. 
Au-delà̀ de cette programmation pluriannuelle, les marges de manœuvre financières dégagées par le nouveau modèle de gestion avec la structure interclubs permettront à la Métropole de définir avec les clubs une programmation pluriannuelle d’investissement (PPI) complémentaire, dite de développement, d’environ 15 millions d’euros TTC sur 10 ans, dont 2 millions d’euros TTC seront couverts par les clubs et le reste par la Métropole. 

Conformément au cadre légal, la structure occupante devra s’acquitter d’une redevance d’occupation domaniale composée d’une part fixe, liée à la valeur locative de l’équipement, et d’une part variable, liée au bénéfice tiré de l’usage du domaine public permettant un intéressement de la Métropole sur l’ensemble des recettes générées au sein de l’équipement. 

Enfin est prévue au dispositif une clause annuelle de révision de la PPI et du compte d’exploitation prévisionnel permettant, à l’appui de l’ensemble des éléments organisationnels et comptables de la structure fédérant les clubs, d’étudier les causes de déficits ou excédents d’exploitation et, le cas échéant, l’ajustement du soutien de la Métropole en conséquence. »

On peut s’interroger néanmoins, sur la non prise en compte dans le projet, liant la Métropole aux clubs professionnels locaux, des espaces d’entrainements et des locaux administratifs des deux clubs. Ils restent en effet à la charge des collectivités. La Métro pour une partie des locaux du GF 38 et la ville de Grenoble, pour le FCG au stade Lesdiguières et les terrains du stade Vercors et Stijovic.

Les coûts de fonctionnement de ces équipements représentant plusieurs milliers d’euros par an, on peut interroger la pertinence de faire porter par la Métro un PPI annoncé à 21 millions, uniquement sur le Stade des Alpes, avec les incertitudes liées aux résultats sportifs. 

Le projet est original et pourrait préfigurer des prochains contrats liant des clubs sportifs pro ou semi-pro aux collectivités. En permettant aux clubs de fonctionner en autonomie et en responsabilités, ce type de contrat pourrait les amener à développer de véritables stratégies économiques pour peu que les collectivités acceptent de laisser les sociétés sportives assumer leur business modèle.

Reste que les autres parties de l’organisation des clubs (locaux administratifs et terrains d’entrainements) restent assumées par les collectivités avec des redevances et loyers qui seront inévitablement renégociés. 

Pour peu que les collectivités acceptent de « couper le cordon » politique et financier, afin de laisser les clubs réellement maîtres de leurs destins respectifs.




Documents annexes






16 avril 2021


Quelques compléments de l'histoire récente

France 3 Auvergne Rhône Alpes   


Le Postillon  (journal de Grenoble & sa cuvette, "Amours, Glaires & Beauté" )
publié dans le numéro de Juin 2010





[1] Le Stade des Alpes confié au FCG Rugby et au GF 38, 12 février 2020 
[2] Projet Stade des Alpes : Protocole relatif à la gestion de l'équipement opérée par les clubs de football et de rugby http://rcse.fr/wp-content/uploads/2020/02/47770.pdf

dimanche 14 juin 2020

Sport, virus, rhétorique et lieux communs : quand le confinement fait redécouvrir le fil à couper le beurre (ou l’eau tiède c’est au choix).


Petites réflexions de confinement débutées en avril 2020



Le 14 juin 2020 



On a retrouvé le sportif inconnu…

Il était partout et certains ne le savaient pas.



On a retrouvé le sportif inconnu… et on lui a même créé sa rubrique attestant de son importance durant le confinement:

« [ ] Déplacements brefs, dans la limite d'une heure quotidienne et dans un rayon maximal d'un kilomètre autour du domicile, liés soit à l'activité physique individuelle des personnes, à l'exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d'autres personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie. »[1]

Mais… uniquement pour un sportif seul ou accompagné d’un animal. 
Le bon sportif était donc seul, autonome et autosuffisant (cela s’est confirmé).


On a retrouvé le sportif inconnu… et on lui a délimité son périmètre d’évolution, de gesticulations, de survie:

Mais il était surtout dans les zones urbaines. 
Dans les campagnes, en forêt, sur les plages ou en montagne, bref là où il y a de la place, beaucoup d’espaces… c’était interdit. 
Ne cherchez pas l'erreur, il n’y en a pas. 
Surtout vue d’un ministère à Paris la vision est limitée.


Le confinement a fait soudain émerger un ENORME besoin d’activités physiques… ou plutôt beaucoup de discours autour de l’importance des pratiques physiques, sportives, hygiénistes, récréatives, éducatives, économiques … 

Discours que l’on ne trouve « que » dans les nombreux rapports, études, thèses qui se succèdent depuis des lustres[2] portés par quelques fanatiques du vélo, de la course à pied, du foot, de l’évènementiel sportif, de l’épanouissement humain… ou du BTP suivant les objectifs recherchés.

Et là, face à la frustration imposée par le confinement, tout est apparu comme une nécessité impérieuse, une véritable illumination : 


La vie sans sport valait-elle le coup d’être vécue ?
On a retrouvé le sportif inconnu… il était humaniste, philosophe et désintéressé.
Ou presque…


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il voulait refonder les priorités scolaires : le sport au cœur de la construction de l’enfant post confinement[3].

Bien sûr, on a vu réapparaitre des idées tirées de vieux grimoires préhistoriques autour des rythmes scolaires et les modèles étrangers (Allemagne, pays nordiques) cités régulièrement mais inconnus véritablement de leurs chantres actuels puisqu’ils n’existent plus sous les formes évoquées depuis longtemps[4]

C’est l’histoire de l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’homme… qui a vu l’ours.

Et de sortir de la naphtaline les idées poussiéreuses d’une vision sportive des années 60 pour faire de l’activité physique à l’école[5] ou de faire bouger sans se soucier des aspects physiologique mais ça c’était déjà avant[6].


On a retrouvé le sportif inconnu… et on va s’en servir pour faire passer n’importe quoi.
Comme il faut bouger, on ne va pas être regardant sur le contenu, pourvu que l’on ait l’impression du mouvement.


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il était au bar

On a retrouvé le sportif inconnu…
Il voulait sauver l’économie de l’Entertainment en changeant le business en activité économique responsable[7].


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il pouvait sauver l’économie 
(trop d’articles sur la reprise des championnats professionnels).

On a retrouvé le sportif inconnu…
Il voulait sauver les enfants de l’inaction[8].


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il voulait sauver les jeunes sans avenir[9].


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il voulait sauver la planète[10].


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il voulait refonder l’économie mondiale.


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il confondait sport et Ligue 1 de football.


On a retrouvé le sportif inconnu…
Il était nombreux, étonnamment nombreux.



Finalement on a retrouvé le sportif inconnu… 
Il était juste au Café des Sports.

Car entre lieux communs et fil à couper le beurre, on se rend bien compte que le confinement n’a fait que révéler l’absence de mises en perspectives et la relative indigence de la pensée,  les apéro-web ont manifestement fait beaucoup de dégâts mais pas que. Les propos de comptoirs ont souvent accompagné les lieux communs sur les pratiques physiques, sportives, récréatives utilisés depuis des lustres.

Le sport sert à tout et à n’importe quoi, c’est bien connu[11]
Mais est-ce vraiment une priorité nationale ?
Sport-santé ou pas, des années de rapports, études, recherches… pour retrouver systématiquement les mêmes poncifs éculés.

Le Café des Sports aura toujours des clients.

Fatigué…






[1] Extrait Attestation de déplacement dérogatoire Covid-19 mars 2020. 
[2]  Rapports officiels et/ou parlementaires sur le Sport 
https://drive.google.com/drive/folders/1vxQa44P0NwF7cXm-ax8UWxSqB8PqvT2_?usp=sharing
[4] Philip Heckmann  (2017) Historical Development of Sport in Germany in the 20th Century: The Formation of Physical Culture 
Roland Naul , Dennis Dreiskaemper (2014) Physical and Health Education in Germany From School Sports to Local Networks for Healthy Children in Sound Communities
https://www.researchgate.net/publication/270567650_Physical_and_Health_Education_in_Germany_From_School_Sports_to_Local_Networks_for_Healthy_Children_in_Sound_Communities

[5] https://www.linkedin.com/posts/eric-adamkiewicz-b5a95618_protocole-2s2c-activity-6665195132779843584-qI3r/
[6] « Fait taffer le cardio avec Paris 2024» https://www.facebook.com/Paris2024/videos/240000883805545/
[7]  Le sport doit se réinventer pour devenir un service de première nécessité.
 http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,parole-resistance,sport-doit-reinventer-pour-devenir-service-premiere-necessite.,10214.html
[9]  « Il faut des mesures d’urgence » : les responsables politiques redoutent une révolte de la jeunesse https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/06/13/il-faut-des-mesures-d-urgence-les-responsables-politiques-confrontes-au-defi-de-la-jeunesse_6042744_823448.html
[10] Le sport au service du changement sociétal !
https://medium.com/makerstories/le-sport-au-service-du-changement-sociétal-9b837206beb5
 https://www.afd.fr/fr/5-bienfaits-insoupconnes-du-sport